S'il est bien un animal qui symbolise la nature sauvage mais également les peurs ancestrales, c'est le loup (Canis lupus). Haï en Europe de l'Ouest depuis la nuit des temps, vénéré en Sibérie ou en Amérique, il est revenu discrètement dans certaines régions sauvages d'Allemagne et de France
Où son retour n'a laissé personne indifférent... "Loup gris", "loup vulgaire" ou "loup commun" sont les mêmes noms pour cet animal qui peut présenter des variations de poils et de coloris selon son habitat, situé essentiellement dans l'hémisphère nord. De la famille des canidés, le loup a comme cousins les renards, les coyotes, les dingos, les chacals, etc. Il est l'ancêtre de certaines sous-espèces de chiens.
Le loup est un animal social des plus fascinants et son comportement l'est tout autant, avec une vie communautaire complexe et un langage corporel très explicite et structuré. Il vit en meutes (clans, hardes ou groupes) organisées selon une hiérarchie précise. Chacune est dirigée par un couple (mâle et une femelle surnommés "alpha") qui sont les dominants et les seuls à procréer.
La meute est donc une cellule autour d'une famille (souvent petite) composée des parents ainsi que de plusieurs fratries de louveteaux (nées à quelques années d'intervalle). La taille des meutes peut tourner autour d'une dizaine d'individus. Dans le grand nord sibérien ou canadien, on a dénombré des meutes beaucoup plus importantes qui peuvent s'élever à une vingtaine d'individus.
En Europe, le territoire d'une meute varie entre une quinzaine de kilomètres de côté (200 km²) à une vingtaine (400 km²) et sa taille peut accueillir de 4 à 8 individus en moyenne. Celle-ci est le double en Amérique du nord (de 8 à une quinzaine d'individus) pour un territoire multiplié par trois qui peut aller jusqu'à 4000 km².
En France, le nombre d’individus est petit (4 à 6 loups) par meute. Il n'y a pas d'affrontements car la cellule familiale ne comprend qu'un couple reproducteur et quelques louveteaux ainsi que des jeunes des années précédentes. Les jeunes ne sont pas assez forts pour rivaliser contre leurs parents.
Car la vie du loup et ses relations dans la meute sont le résultat du jeu permanent de la domination et de la soumission. Tous ces comportements et attitudes imposent leurs règles et permettent aux loups de s'adapter en fonction des besoins de la meute en nourriture et espaces de chasse, avec les priorités pour le nourrissage, les jeux, les accouplements et les naissances...
La période de reproduction s'étale de la mi-janvier à la mi-mars. Durant ce temps, les mâles adultes s'affrontent avec les autres mâles, les femelles avec les autres rivales. Seul le couple dominant se reproduira et les jeunes naîtront après un laps de temps relativement court, 60 à 65 jours...
Si ce couple reste le maître de la meute plusieurs années, les jeunes de deux ans (22 mois environ) vont devoir partir à la recherche d’un autre territoire et d’une autre meute, durant la période de dispersion. Cette recherche d’un nouveau territoire est la période de dispersion. C'est une phase critique pour les jeunes loups inexpérimentés confrontés à de nombreux dangers.
Alphas, lambdas et omégas
Ce n'est que depuis quelques décennies que l'on comprend mieux comment fonctionne une meute… La vie de celle-ci se déroule autour d'une lutte permanente pour s'imposer. Cette hiérarchie en garantit la stabilité, la cohésion et la survie. Chaque loup a sa place: qu'il s'agisse de la reproduction, de la chasse et de sa nourriture, de sa défense du territoire, de l’élevage et de la sauvegarde des petits.
Vis-à-vis de ces derniers, la meute est une véritable nurserie où chaque individu peut prendre soin des louveteaux. En cas de conflits, les femelles et les petits, garants de la survie du groupe, sont considérés comme inattaquables. Durant une période de disette qui risque de mettre à mal la survie de la meute, les loups ne se reproduisent pas et régulent de cette manière et à long terme leur adaptation au milieu.
A la tête de la meute, il y a donc un couple alpha, le seul qui peut se reproduire, afin d'empêcher toute prolifération anarchique de loups sur un même territoire. C'est ce couple, ou l'un des deux animaux, qui dirige les déplacements, les chasses, les activités. Viennent ensuite les loups lambda, en lutte plus ou moins atténuée entre eux, avec des possibilités et la volonté de devenir un jour "alpha".
Tout au bas de l'échelle, les omégas sont quasi des souffre-douleurs de la meute qu'ils quittent parfois à la recherche d'une autre meute. La structure évolue avec le temps, laissant les femelles et les petits hors-jeu des luttes pour le pouvoir.
Un animal social
Le loup utilise diverses techniques pour communiquer: aboiements, jappements, grognements et gémissements… Autant de bruits liés à des attitudes qui traduisent des relations et des comportements. Cette gestuelle faite de mimiques et de postures parfois complexes, indique la soumission, l'acceptation, la réprobation, la menace, etc.
Pour chasser, la majorité du temps en meute, diverses ruses et simulations, encerclements et diversions ont cours. Les loups chassent toujours "sous le vent" (pour éviter d'être repérés par leur odeur…). Ils marchent parfois à la "queue leu leu" (file indienne une belle expression de vieux français qu'on leur doit...)
Selon les saisons et grâce à la meute, les loups peuvent s'attaquer à des proies beaucoup plus importantes comme des ongulés (cerfs, chevreuils, caribous, rennes, élans...) sans négliger pour autant les petites proies. Toujours est-il qu'ils ne gaspillent jamais leur énergie à poursuivre trop longtemps une proie trop vigoureuse, s'en prenant plutôt aux animaux jeunes, âgés, blessés ou malades.
Quelques sous-espèces
Les loups sont divisés en sous-espèces (ou races). Les experts ne sont pas toujours d'accord sur certaines classifications (parfois contradictoires), tandis que même au sein d'une sous-espèce, les loups peuvent présenter toutes sortes de pelages différents… Notons simplement qu'à partir d'un tronc commun, le loup gris ou commun, plusieurs races continentales ou régionales ont vu le jour.
Et la plupart des races vivent sur des territoires exclusifs et sans mélanges. Si les scientifiques s'accordent sur le nombre de 39 sous-espèces, des mesures génétiques permettent petit à petit de simplifier les choses. En attendant et pour faire simple, épinglons les plus connues: http://www.manimalworld.net/pages/canides/loup-d-alaska.html http://www.maisondesloups.com/IMG/pdf/loups_arctiques.pdf Loup gris commun ou européen (canis lupus lupus) Vit en Europe avec quelques sous-races régionales (Pologne, Italie, Epagne…); C'est le loup qui est revenu en France et poursuit son retour et sa croissance européenne…
Loup de Sibérie (canis lupus albus) Ce loup occupe toute la Sibérie et une grande partie des plaines de Russie
Loup de Mongolie (Canis lupus chanco) Vit dans les plaines de Chine et de Mongolie A l'instar des loups européens, les loups américains se regroupent sous le nom de loup gris (ou commun) Loup du Canada (canis lupus occidentalis) Selon son habitat, ce loup présente plusieurs couleurs de pelage Noire pour le loup de la taïga, à savoir les forêts de conifères du nord canadien et eurasien ; blanche pour le loup de la toundra ou grandes plaines du nord canadien ou eurasien ; grise pour loup commun (ou loup gris canadien) également appelé Timberwolf ou Gray Wolf;
Loup des grandes plaines (canis lupus nubilus) C'est le loup le plus rencontré en Amérique du Nord avec celui du Canada;
Loup Mackenzie (canis lupus mackenzii) Ce loup vit dans l'Alberta et dans le bassin du fleuve Mackenzie
Loup de la toundra (canis lupus tundrarum) Loup d'Alaska (canis lupus pambasileus) Vit en Alaska et dans le Yukon Loup arctique (canis lupus arctos) Survit tout au nord
Où ? En Europe
En incluant la partie européenne de la Russie, on dénombre environ vingt mille loups sur le vieux continent. En Italie, il y en a plusieurs centaines (400), au Portugal (mois de 200), en Espagne (un millier environ) tout comme en Pologne avec un millier de loups répartis dans une vingtaine de forêts, notamment à l'est avec la forêt de Białowieża et au sud montagneux dans les Beskides; ainsi qu'à l'ouest, d'où il est entré en Allemagne.
Il y en a de plus en plus dans les forêts allemandes depuis la chute du rideau de fer et la destruction des barbelés… Ce qui a facilité le retour du loup depuis la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie où l'animal est bien représenté... Mais c'est la Roumanie qui en compte le plus, avec environ trois mille animaux.