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Le castor, infatigable écologiste. Où et comment le voir ?


Il était tellement abondant à une époque que d’innombrables noms de lieux ou de familles font encore référence à cet animal dans toute l’Europe.


Son ancien nom « bièvre » (du celtique beber) a donné Bièvre, Breuvanne, Vébron, Brévonnes, Belvoir, Biber ou Bibiche en Lorraine par exemple et autres Beuvron qui foisonnent en France.


En néerlandais, bever donnera Beverloo, etc. En allemand biber : Biberstein… Et en anglais « beaver » comme Beaverton. C'est dire si l'ami castor était présent et commun quasiment partout il y a quelques siècles. Pourtant, à la fin du 19ième, il avait quasiment disparu de nos contrées, pourchassé pour sa fourrure et ses soi-disant nuisances, sans oublier pour la pharmacopée traditionnelle (castoréum)...


Actuellement, plus d’un million de représentants de ce sympathique animal (castor fiber) a réinvesti le vieux continent…


L'intérêt de la présence bénéfique de cet animal est son habitude de modifier et d’améliorer son lieu de vie. Et de créer en quelque sorte son propre biotope. C’est un travailleur infatigable (l’expression anglaise « eager beaver » (obstiné, zélé ou très actif castor) caractérise un travailleur infatigable, enthousiaste...).


Ses activités ont une influence directe sur la nature et sur le développement de nombreuses espèces animales et végétales. A tel point qu'on le dit animal « clé de voûte » ou « parapluie » pour les écosystèmes. Car, ajouter : là où cela lui est nécessaire, le castor aménage son milieu naturel pour subsister.


Si nécessaire, il édifie des barrages, éclaircit des aires naturelles, inonde de nouvelles surfaces, crée un gîte avec des branchages et des garde-mangers... Il améliore la qualité de la ripisylve (végétation des rives).


Et dès lors, son milieu naturel va offrir davantage de lumière dans les vallées, avec en prime le retour d’espèces d’invertébrés aquatiques et d’insectes, puis les batraciens et les poissons, bientôt suivis par d'oiseaux comme les hérons, les martins-pêcheurs, voire la cigogne noire...


N'en déplaise à ses détracteurs, la corrélation est directe entre l’arrivée du castor et la renaissance de toute une flore et une faune. Il est prouvé que cet animal est utile également pour les intérêts humains. Par exemple, les nouvelles zones humides ainsi créées temporisent les périodes de sécheresse et amortissent les inondations dans les vallées. Bref, on ne peut que se réjouir de la progression constante des effectifs de cet animal éminemment sympathique…

Schéma des réalisations des castors avec de g. à d.:

branches amassées en tas (garde-manger), hutte et barrage


Pour rappel, le castor est le plus gros rongeur d’Europe (un adulte peut avoir une longueur supérieure à un mètre dont 30 cm pour la queue). Cet animal fait partie de la famille des rongeurs qui inclut la minuscule gerboise jusqu’au capibara en passant par le rat ou l’écureuil…


Schéma en coupe d’un gîte

Ces animaux disposent de dents qui leur servent à ronger leur nourriture, voire à creuser des galeries ou à se défendre. Et chez le castor, à couper les arbres.

La queue est également une caractéristique de cet animal.


Elle ne lui sert pas à couper les arbres ou à créer des barrages mais comme gouvernail ou godille dans l’eau et comme moyen de sonner l’alerte avec un grand « plaf » sur l’eau.



Castor européen ou américain ?

Le castor européen (castor fiber) et américain (castor canadensis) se ressemblent (quasi même taille, poids et pelage) mais sont pourtant assez éloignés génétiquement. Le castor européen possède 48 chromosomes contre 40 chromosomes pour son homologue américain.


Ce qui signifie qu’il s’agit de deux espèces (forcément génétiquement incompatibles ou pas fécondes entre elles). En Europe, ces espèces ne cohabitent qu’en Finlande et en Russie (castor canadensis a été importé en Finlande le siècle passé.). Leur comportement est quasi identique.


Le castor est un animal exclusivement végétarien (ne mange jamais de poisson contrairement à une idée tenace) avec des besoins quotidiens d’environ 2 kg de matière végétale. En été, sa nourriture est faite de feuilles, de tiges et de jeunes pousses, voire de fruits, de racines.


En hiver, l’aubier (à savoir l’écorce) constitue sa principale nourriture. Il apprécie particulièrement les saules et les bouleaux, sans négliger les peupliers, les noisetiers et les cornouillers sanguins... Cet animal territorial marque de manière olfactive son territoire avec des sécrétions à forte odeur de musc, le fameux castoréum.


La plupart des castors vivent en groupes familiaux composés de 2 à 8 individus, à savoir les parents avec les jeunes de l’année présente et écoulée. Mais cela est très variable d’une région à l’autre en Europe tandis qu’en Amérique du Nord, les clans sont généralement plus nombreux.


Le territoire d’une famille de castors peut s’étaler sur 500 mètres voire trois kilomètres le long d’un cours d’eau. Lors de son observation, il est parfois confondu avec le ragondin (Myocastor coypus) là où les deux espèces cohabitent.


Tandis que le Castor nage avec le corps immergé et laisse à peine apparaître la nuque et le museau, le ragondin laisse apparaître toute sa tête et une partie du dos. Le castor ne fait des barrages que lorsque le cours d’eau est peu profond, comme un ruisseau par exemple…


Du fait que le castor est plutôt crépusculaire et nocturne, il n’est pas très facile à observer. Mais les témoignages de sa présence sont par contre très impressionnantes (barrages, arbres coupés en « pointes de crayon » tranchées, branches accumulées, gîtes faits de branchages, garde-mangers, etc.).


Ses ouvrages ont un impact sur les coins de vallées où ils se sont établis (le hic parfois de leur réintroduction avec certains propriétaires terriens, sylviculteurs du fait des coupes d’arbres, des barrages et de leurs inondations conséquentes).


Nous épinglerons dans ce guide quelques endroits où ces réalisations sont bien visibles. Quant à l’observer, il faudra s’armer de patience et suivre des séances d’affût encadrées qui seules, peuvent offrir cette chance ! Même si d’habitude le castor est discret et difficile de l’observer, à certains endroits, ces animaux ont développé une franchise étonnante vis-à-vis de l’homme. Et se laissent alors observer avec une facilité déconcertante…


En France, le castor (on en dénombre environ 25.000) se trouve notamment dans les bassins du Rhône et de la Saône, de la Loire, du Rhin et de la Meuse avec leurs nombreux affluents. En Belgique, le castor (3.000 environ) a été réintroduit en Ardenne et s’y développe admirablement.


Pour le plus grand bonheur des amoureux de la nature. Les lâchers d’individus (controversés mais finalement payants en terme de biodiversité) provenant d'Allemagne ont été effectués en Wallonie à partir de l'automne 1998 jusqu’au printemps 2000.


Depuis lors, la plupart des cours d’eau ont été recolonisés. Et comme le castor est un animal protégé, il ne peut être tué ou déplacé. Ni ses ouvrages (barrages, huttes…) détruits.


Si la France compte des milliers de sites à castors, ces derniers sont peu spectaculaires. Idem en Europe centrale ou en Scandinave. Les sites de castors européens les plus proches et spectaculaires se trouvent en Belgique dans le massif ardennais!


Pourquoi ? Parce que leurs constructions y sont les plus impressionnantes grâce au relief qui amplifie notamment la taille (hauteur du « bâti ») et le volume d’eau de leurs barrages, tandis que ces lieux de vie sont facilement accessibles. Les plus imposants et les plus facilement observables en Europe se découvrent là où la déclivité du terrain les oblige à édifier de grands barrages.


Ce qui est le cas à moins d'une heure trente de route depuis Bruxelles ou à moins de cinq heures de Paris. Dans quelques endroits en lisière de forêt ou au cœur des vallées, leurs ouvrages sont facilement visibles : barrages imposants, huttes de branches et arbres taillés en crayon...


Un véritable écotourisme local a vu le jour et se développe sous le signe du castor avec même un label ‘castor agile’.

: Du côté de la Baraque Fraiture (1), un site retient particulièrement l’attention avec une multitude de barrages (une quarantaine) qui se suivent dans la vallée d’un ruisseau.

Il y a des constructions visibles également près d’Houffalize (2) et le long du Martin-Moulin (3) près d’Achouffe ainsi que le long des rivières comme la Lienne, la Vierre, la Semois (4), l’Ourthe, côté de Solwaster, Malmedy, au pied des Hautes Fagnes...



Il faut noter que des sites spectaculaires qui comptaient par exemple une quarantaine de barrages ont disparu et ont été reconstruits ailleurs quelques mois, voire quelques années plus tard, puisque la situation évolue sans cesse…


Pour des visites guidées, il est conseillé de prendre contact avec le Bureau des Guides au

+ 32 (0) 498 04 30 68.

Celui-ci ne renseigne pas les sites de manière précise dans un but bien évident de laisser ces lieux en paix ! Uniquement sur base de visites guidées…


Conseils pour photographes


L’idéal est d’arriver avant le début de soirée et de passer toute la nuit discrètement sur place pour envisager des photos à l’aube sur les berges d'un étang créé par les castors. Pour des observations parfois très furtives de l'animal.


Sinon ses « ouvrages d’art » sont facilement visibles : barrages, huttes…


Infos:

Tél : +32 (0) 71 76 11 38

mobile + 32 (0) 498 04 30 68


Autres observations à faire:


Forêts

Cervidés et brame du cerf

Blaireau et renard

Oiseaux forestiers


Boîte à outils

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