La grue cendrée est l'un des plus grands oiseaux d'Europe, avec deux mètres d'envergure et une taille moyenne d'un mètre trente.
Lors de sa migration, elle se regroupe et forme des grands V ou des lignes plus ou moins structurées, qui traversent le ciel en s'appelant à grands coups de trompettes.
La migration de ces oiseaux splendides figure parmi les plus belles observations à faire par les ornithologues et amoureux de nature.
Les rencontres de grues en France sont en effet liées la plupart du temps à leur migration qui traverse l’hexagone en diagonale et qui va les emmener vers l'Europe du Nord au printemps (Allemagne, Scandinavie, Pays Baltes et Russie) ou vers le sud en automne où elles vont passer l'hiver, notamment en Espagne (en Estrémadure et en Aragon) ainsi qu’en Afrique du nord.
Mais depuis des années, des milliers de grues ont pris l’habitude d’hiverner au lac du Der en Lorraine ainsi que dans le sud-ouest dans les landes de Gascogne ou près des Pyrénées ainsi qu’au nord de l’Espagne tandis que de plus en plus d’aires de repos les accueillent notamment dans le centre de la France le long de la Loire et de l’Allier (où il est impératif de les respecter en tenant une grande distance pour ne pas les déranger).
Carte schématique de la migration des grues cendrées en Europe
En rouge et ocre, les couloirs de migration entre leurs zones d’hivernage (en noir) au sud et de nidification au nord ; en vert : les zones de nidification
La route occidentale
Lors de leurs migrations, les grues empruntent plusieurs voies, notamment la route occidentale qui traverse l'Europe selon un axe immuable.
Cette migration se fait du nord-est au sud-ouest en automne et vice versa au printemps, soit une belle diagonale qui traverse l’Hexagone.
Les grues font une étape incontournable en Champagne-Ardenne où plusieurs centaines de milliers passent chaque année (dont bon nombre hivernent) au lac du Der notamment, l'une des plus intéressantes haltes de migration (pas encore de nidification à ce jour).
Du fait des mesures de protection des zones de nourrissage lors de leur migration, les populations ouest-européennes sont en progression et actuellement estimées à plus d’un demi-million d’individus dont plus de 350.000 migrent à travers la France.
Carte des meilleurs sites pour l’observation des grues avec en :
1) le lac Hornborga (Suède)
2) l’île et la région de Rügen (Allemagne)
3) Le lac du der (France)
4) Arjuzanx (France)
5) La Sotonera (Espagne)
6) Gallocanta (Espagne)
7) Les « dehesas », Estrémadure (Espagne)
8) La Janda (Espagne)
Notre hit-parade : 3 – 1 - 7 À savoir le Lac du Der, le lac de Hornborga en Suède et les dehesas d’Estrémadure
1) Lac Hornborga, Suède
Les lieux ont été aménagés dès les années 50 pour accueillir les grues qui avaient pris l'habitude de s'y nourrir à l'époque des déchets de pommes de terre en provenance d’une… distillerie d'aquavit toute proche. On peut les observer de la fin mars au mois d’avril, avant leur dispersion pour l'été dans le nord et ses lacs. Vaut le voyage…
2) Île et région de Rügen, Allemagne
Au nord de l’Allemagne, dans une superbe région très verte entre bourgades de charme aux toits rouges et une nature sauvegardée de falaises et de bois, de plages de galets et d’eaux transparentes, le parc national du Lagon de Poméranie Occidentale accueille des dizaines de milliers de grues lors de leur migration d'automne (de septembre à début novembre (plus de 70.000).
Ces dernières en provenance de Scandinavie et de Russie se regroupent et font une escale dans la région avant de continuer leur longue traversée de l’Europe qui les mènera vers le sud-ouest en France puis en Espagne.
Les grues se répartissent dans une dizaine de lieux abrités. Au printemps, elles passent plus rapidement et continuent souvent leur route sans trop s’attarder, toutes pressées de retrouver leurs aires de reproduction.
Centre d’information sur les Grues à Groß Mohrdorf
GPS : 54°23'23.7" N et 12°56'59.8" E
A 14 km au nord-ouest de Stralsund.
Kranich-Informationszentrum, D-18445 Groß Mohrdorf
Lindenstraße 27 Tel.: 038323 - 80540
Une « Semaine de la grue » est organisée chaque année en septembre…
Visites guidées, etc.
De belles possibilités d’observations à partir de plates-formes gérées par le Kranichschutz Deutschland (Organisation Chargée de la Protection des Grues en Allemagne) sont proposées au lac de Günzer avec des affûts photographiques (informations au Centre des Grues).
Oies Rieuses, des Moissons, cendrées s’y trouvent par milliers, ainsi que les bernaches du Canada et nonnettes, des dizaines de milliers de canards et d’oiseaux d’eau.
3) lac du Der (Champagne-Ardenne), France
Quand : toute l’année avec un maximum en octobre et novembre ainsi qu’en février et mars (avec un nombre entre 200.000 et un record à 350.000 grues !)
Le petit "plus": observation des autres oiseaux limicoles et lacustres. Aux alentours du lac, la maison de l'oiseau et quelques postes d'observation sur pilotis donnent sur des étangs et permettent d'observer facilement le spectacle des oiseaux d'eau.
Infos
Pour suivre les grues en migration quasi au jour le jour :
4) Arjuzanx, France
Situé dans le département des Landes sur le territoire des communes d’Arjuzanx, Morcenx, Rion des Landes et Villenave, le site d’Arjuzanx s’étend sur 2 673 ha.
A une quarantaine de kilomètres de Mont-de-Marsan, il s’agit d’une ancienne mine de lignite (roche entre la tourbe et la houille destinée notamment à alimenter les centrales thermiques).
Cette mine a été réhabilitée à grands frais en zone naturelle par EDF, rendant la vie à ce coin de nature défiguré par des machines et autres dragues à godets capables d’extraire plus de 500 tonnes par heure.
Le résultat est remarquable (et donne parfois un peu d’espoir après la dévastation de zones réhabilitées…). La réserve a été reconstituée avec des plans d’eau mais également des zones arbustives, buissonneuses et herbacées ainsi que des petites forêts…
Le site est également partagé avec des espaces ludiques (natation, kayak, etc.).
Le site de la réserve annonce 177 espèces d'oiseaux observées, en plus des grues avec les busards (des roseaux, cendré et Saint-Martin) ainsi que le circaète Jean-le-Blanc. Notons la présence de nombreux engoulevents et de passereaux comme la pie-grièche écorcheur, la fauvette pitchou (plutôt méditerranéenne), le pipit rousseline, l'alouette lulu ainsi que de nombreux oiseaux d’eau comme la sarcelle d'hiver, etc.
L’observation des grues est réglementée et il faut se renseigner au préalable. De toute façon, les observations se font lors de leur hivernage depuis un observatoire avec vision des dortoirs.
Le spectacle fantastique des milliers de grues cendrées (parfois 20.000) qui s’en viennent le soir lors de leur retour ou lors de leur départ le matin vers les plaines.
Des visites ont lieu les samedis et dimanches matins et soirs ainsi que les mercredis et vendredis soirs. Des visites supplémentaires sont proposées lors les vacances scolaires.
Infos au 05 58 08 11 52
5)Lac de barrage de la Sotonera (Huesca), Espagne
GPS : 42°08'54.3"N 0°39'22.6"W
A l'ouest de la ville de Huesca (nord de l’Espagne) et à une cinquantaine de km au nord de Saragosse, ce lac artificiel (embalse de la Sotonera) est une halte importante sur la migration prénuptiale des grues avant leur traversée des Pyrénées qui se déroulera entre la mi-février et mi-mars.
Le lac attire entre novembre et février un bon millier de grues (voire le double selon les années) qui hivernent sur ce site et se nourrissent dans les environs.
Au nord du lac, à Montmesa, un petit centre d'information donne les infos et il est possible de faire le tour du lac avec plusieurs postes d’observations et un observatoire pour les photos.
Infos:
6)Gallocanta, Aragón, Espagne
GPS : 40°59'46.9" N et 1°30'30.3"W
A une centaine de kilomètres au sud de Saragosse, c'est l'un des points de rassemblement les plus importants de grues lors de leur hivernage en Espagne, sur la laguna de Gallocanta. Ce site est un lac intérieur très salé et peu profond, au cœur de la chaîne ibérique (à plus de 900 mètres d’altitude).
Cette lagune a comme particularité d’être la plus grande étendue saumâtre et intérieure d'Europe avec plus de 1.400 hectares.
La région connaît un climat relativement sec et continental (très contrasté) et accueille plus de 260 espèces d'oiseaux.
Il est amusant de noter que Gallocanta signifie chant du coq, comme un écho au lac du Der, officiellement Der-Chantecoq (Chantecoq est le nom du hameau exproprié et mis sous eau lors de l’édification du barrage) auquel les grandes voyageuses sont habituées lors de leur migration… Comme un clin d’œil du hasard.
Infos :
Un opérateur qui organise des circuits passionnants, notamment en Aragon:
7)Les « dehesas » du sud de l’Estrémadure, Espagne
On peut observer des milliers de grues durant tout l’hiver en Estrémadure, avant leur migration de printemps. Cette douce région des « dehesas » est peu habitée et composée d’un mélange de collines et d’étangs, de petites forêts clairsemées et de plans d’eau.
Des pâturages abrités sous les forêts de chênes rouvres et d’oliviers cohabitent avec une agriculture traditionnelle et respectueuse tandis que l’élevage d’animaux en semi-liberté donne une qualité à des viandes bio: bovins, ovins, cochons...
Grâce au climat doux en hiver, les dehesas sont d’une grande tranquillité, fort appréciée par les grues comme aire d'hivernage grâce notamment à la nourriture abondante, composée de glands et de graines de céréales qui fournissent des éléments nourriciers pour le repos de ces grandes voyageuses.
De nombreux sites (une vingtaine) dans la région permettent d’observer les grues, notamment du côté d’Almonte avec le barrage de Talaván (Aldea de Trujillo) mais également près de Brozas, les contreforts de la sierra de San Pedro, etc.
Infos :
8)La Janda, Espagne
Entre Cadiz et Gibraltar, au nord de Barbate, la région de la Janda est un plateau rocailleux qui accueille des dehesas d'oliviers sauvages, proches de pâturages et de cultures.
Quelques sites comme Los Charcones près de l’embalse de Celemin, le long de la rivière Barbate accueillent les grues (mais également les cigognes blanches et noires).
Les lieux sont également favorables aux espèces d’oiseaux des prairies comme l’outarde barbue…
Glaréole à collier, élanion blanc, busard cendré sans oublier un oiseau magnifique, l’outarde barbue
Infos :