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Chauves-souris : gardiennes de la nuit

Dernière mise à jour : 13 déc. 2021




Petit animal passionnant à observer, la chauve-souris est le seul mammifère au monde à voler, grâce à une adaptation de ses membres antérieurs transformés en ailes. A cela s’ajoute un système d'émission d'ultrasons qui permet l’écholocation, soit la possibilité de ‘‘voir avec les oreilles’’ ou plutôt de s'orienter et surtout, de capturer des insectes en pleine obscurité, à savoir durant la nuit.


Ce côté ‘‘high tech’’ leur permet de filer et de virevolter sans le moindre accroc dans l’obscurité.


Ces animaux étranges dont la taille en Europe varie entre 6 et 20 cm avec une envergure de 20 cm en moyenne pour 40 cm au maximum) ont marqué les esprits depuis la nuit des temps. Suspendues la tête en bas dans l’obscurité la journée (ou en hibernation) et drapées par leurs ailes comme avec une cape, vivant la nuit, munies de grandes oreilles et d’yeux minuscules, avec un nez étrange et des petites dents, pratiquant l’hibernation dans les grottes ou des arbres creux, elles sont empêtrées de légendes stupides et de superstitions.


Aujourd’hui, elles ont heureusement gagné en sympathie grâce à une meilleure connaissance et à des mesures de protection et de pédagogie. Inutile de préciser leur grand rôle d’insectivores (une pipistrelle peut manger 500 moustiques en une nuit) et d’indicateur de biodiversité… Ajoutons une longévité impressionnante (plus de 20 ans, voire 30 ans pour certaines, comme l’a prouvé leur baguage) avec un taux de fécondité faible (un petit par an, rarement deux).


Les chiroptères


Le groupe des chiroptères (signifie ‘mains ailées’) compte plus d’un millier d’espèces dans le monde. Les scientifiques s’accordent à dire qu’une espèce sur 5 de mammifères sur la planète est un chiroptère ou chauve-souris. Certaines sources parlent de 1300 (batcon.org) voire 1400 espèces réparties dans le monde entier (à l’exception des pôles et des déserts) dont une petite quarantaine est présente en Europe (34 espèces en France métropolitaine). Toutes les espèces européennes sont insectivores (moustiques, coléoptères, papillons, araignées…). Elles ont une taille qui varie, à l’instar des oiseaux (de la chauve-souris bourdon au renard volant ou roussette asiatique). La plus petite au monde a une envergure ailes déployées de 3 cm (la chauve-souris myotis diminutus ; elle pèse 3 grammes et vit en Amazonie). La plus grande est la roussette ou renard volant asiatique. Elle peut faire 1,70 m d’envergure… Pour faire très simple, gardons en mémoire l’existence de deux sous-ordres chez les chiroptères (chiro signifie mains et ptères, ailes), les microchiroptères et les mégachiroptères. Microchiroptères et Mégachiroptères (Des changements très techniques ont redistribué les cartes au niveau de ces deux sous-ordres avec l’ajout de deux autres mais qui ne concernent que quelques espèces exotiques. Que les chiroptérologues nous pardonneront ce raccourci où nous ne parlons que des microchiroptères et mégachiroptères.) Les microchiroptères sont les petites chauves-souris (la plupart insectivores) avec des habitudes nocturnes et un système ultraperformant d’écholocation (émission d’ultrasons, inaudibles à l’oreille humaine). Elles se nourrissent essentiellement de petits insectes et de « plancton aérien ». Chez nous, les plus petites ont la taille d’un petit crayon, les plus grandes, d’une main, auxquelles il faut ajouter les ailes déployées qui peuvent faire entre 10 et 20 cm de moyenne). Les macrochiroptères sont les grandes chauves-souris (dont certaines peuvent avoir une envergure d’1,70 mètre. Elles vivent pour la plupart sous les tropiques. Elles ont des habitudes plus crépusculaires, voire diurnes et se nourrissent essentiellement de fruits, de fleurs, de pollen et de nectar. Elles n’ont pas recours à l’écholocation. Ce sont par exemples les grandes roussettes ou « renards volants » (flying foxes) que l’on observe en Afrique, en Asie, en Australie et dans les îles du Pacifique. Dans nos contrées, les chauves-souris les plus communes sont notamment la pipistrelle commune, le grand murin, le petit rhinolophe… Seuls les passionnés arriveront à répertorier toutes les autres espèces (notamment à l’aide de détecteurs d’ultrasons). Il faut savoir que les chauves-souris sont un réel baromètre de la biodiversité ou bio-indicateur ou encore espèce parapluie... Les 36 espèces européennes (d’après le muséum de Bourges) dont certaines s’observent également en Eurasie, se répartissent en 4 grandes familles (5 avec les Ptéropodidés si l’on ajoute la roussette d’Egypte, la seule représentante des roussettes présente essentiellement sur l'île de Chypre). Vespertilionidés Cette famille est la plus importante en Europe mais également en France pas moins de 28 espèces, réparties en 8 genres dont les plus connus sont les barbastelles, les murins, les noctules, les oreillards, les pipistrelles et les sérotines. Minioptéridés La seule espèce de cette famille est le Minioptère de Schreibers, aux allures d’hirondelle nocturne avec ses battements d’ailes rapides (sa répartition est dans la moitié sud de la France). Molossidés Le molosse de cestoni est l’une des plus grandes chauves-souris d’Europe (envergure de 40 cm en moyenne soit la taille d’un pigeon). On la rencontre dans les zones méditerranéennes et dans les Pyrénées ainsi que dans les Alpes du Sud. C’est la seule chauve-souris dont en entend les bruits (clics) émis pour son écholocation. Rhinolophidés Cette famille compte l’une des espèces les plus rencontrées, le petit rhinolophe, visible dans toute la France, en Belgique, au Grand-duché, etc.













Cycle annuel de nos chauves-souris


Dès la fin de l’hiver et quand la nourriture redevient abondante, les chauves-souris quittent leurs gîtes d’hibernation (grottes, abris souterrains) pour chasser à nouveau et passer la belle saison à un endroit proche de sources de nourriture. Elles rejoignent alors rapidement de nouveaux gites (tout proches, quelques kilomètres en général) qui les abriteront tout l’été (toitures, charpentes, creux d’arbres, carrières, clochers…).

Comme on le sait, elles volent et chassent la nuit et se réfugient à l’abri la journée dans ces gîtes d’été.




Cycle du comportement des chauves-souris de nos contrées en fonction des saisons (avec indication des mois), depuis le départ du gîte hivernal vers les gîtes d’été et la nurserie pour les femelles avant le rassemblement d’automne et le retour au gîte d’hibernation


Alors que les accouplements ont eu lieu en automne, les femelles vont seulement donner naissance à leur petit au début de l’été. Pour ce faire, elles se regroupent à plusieurs pour former de petites colonies. Elles s’isolent en véritables nurseries qui les abritent dans les maisons, charpentes, toitures, arbres creux... C’est là qu’en sécurité et bien au chaud, elles vont mettre au monde un petit (rarement deux). Cela se passe entre mai et début juillet. A l’instar des mâles, elles chassent également la nuit (au début avec leur petit accroché un peu après sa naissance). Ensuite, les femelles reviennent régulièrement au gîte pour allaiter leur petit qui devient trop lourd et reste à l’abri. Précisons que les petits peuvent être nourris par la communauté des mères, sans discrimination, ce qui joue en faveur de leur survie. Les petits ne prendront leur envol que fin juillet, début août.


Quant aux mâles, ils n'occupent pas les mêmes gîtes et restent en petits groupes épars jusqu’à l’automne où les accouplements vont avoir lieu.


Alors que l’automne arrive, les chauves-souris doivent constituer leurs réserves de graisse pour passer l'hiver (en hibernation). L’automne est également la période des accouplements et les mâles fécondent plusieurs femelles. Ensuite, toutes les chauves-souris (mâles, femelles et leurs petits) se regroupent pour se rendre dans un gîte pour l’hiver (grotte, sous-terrain) qui doit les protéger du gel, ce qui n’était en général pas le cas dans leur gîte estival. Dès lors, ce gîte d’hibernation nécessite parfois de petites migrations (mais en général quelques kilomètres tout au plus). A part quelques exceptions comme la Pipistrelle de Nathusius qui migre jusqu'en Espagne pour certains individus (idem pour certaines noctules). Ces espèces trouvent de la nourriture en suffisance, ce qui leur permet de rester actives tout l'hiver.

Tandis que l’hiver se déroule, les chauves-souris hibernent, à savoir ralentissent leur métabolisme dans un endroit frais, sombre et à l’abri des prédateurs, entre 1 et 10°C., Cette période persistera jusqu’au réveil de la nature marqué par la montée des températures et la présence croissante d’insectes. Et le cycle recommence…


Un petit boîtier pratique : le détecteur d’ultrasons Ce petit boîtier électronique permet de rendre audibles des sons émis par les chauves-souris que l’oreille humaine ne peut entendre. Il est dès lors possible de reconnaître la signature de certaines espèces de chauves-souris grâce à la nature du son, le rythme, la fréquence, les variations et modulations émises, etc. Ces détecteurs sont aux amateurs de chauves-souris ce que les jumelles sont aux ornithologues. Il y en a de toutes les gammes et les prix, comme le batbox à partir de 250 euros environ. Mais il vaut mieux se renseigner auprès de son association locale pour les conseils avant un achat… Infos www.batbox.com



Pour en finir avec les fausses infos sur les chauves-souris Et contribuer à les protéger en démontant ces inepties… Elles se mettent dans les cheveux où elles s’empêtrent ? Absurde. Cette vieille croyance perdure toujours ! Elles portent malheur et symbolisent le diable… Grotesque, n’est-il pas ? Elles sont aveugles Pas du tout. Leurs yeux s’adaptent à la nuit, par contre elles peuvent être éblouies par l’éclairage urbain. Elles se nourrissent de sang ? Pas celles qui vivent en Europe. Et si certaines se nourrissent de sang, ce sont essentiellement de petites chauves-souris tropicales et seulement en quantités infimes (quelques gouttes) auprès des mammifères et notamment du bétail. Elles transmettent des maladies ? Vrai. A l’instar de tous les mammifères, elles peuvent subir des maladies et les communiquer entre espèces (comme celle du nez blanc – White-Nose Syndrome - sévit en Amérique et ne concerne que ces mammifères). En ce qui concerne la rage, la seule maladie associée aux chauves-souris en Europe est le lyssavirus de la chauve-souris européenne, proche de la rage classique (du chien ou du renard). Dans la mesure où elles ne mordent pas les humains ni les animaux, rien à craindre de ce côté. Il faut juste manipuler avec précaution une chauve-souris blessée et peut-être infectée Il est avéré qu’en Afrique, le virus de la fièvre d’Ebola est transmis par certaines chauves-souris, hélas chassées par les hommes, manipulées et mangées. Des contrôles et des mesures de sensibilisation sont effectués… Quant au célèbre covid 19, il serait né de la cohabitation avec le pangolin, autre espèce malheureusement impactée pour son braconnage (dans des buts de pharmacopée et notamment de revente de ses écailles). Leur cohabitation dans des conditions inappropriées (exiguïté des cages, chaleur, excréments, insalubrité et autres conditions) aurait permis au virus de muter et de se transmettre avant d’être inoculé à l’homme. On connaît la suite. Elles abiment les toitures, les greniers, les combles où elles ont élu domicile ainsi que les câbles électriques… Absolument faux. Ce ne sont pas des rongeurs et elles ne font aucun dégât, à l’instar des hirondelles. Leur guano est inoffensif et inodore.

























Boîte à outils Les passionnés jetteront un coup d’œil sur le site de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN) pour déterminer la présence et la distribution des espèces de chauves-souris en France : https://inpn.mnhn.fr/ SFEPM (Société Française pour l’Étude et la Protection des Mammifères) et Groupe Chiroptères : www.sfepm.org/chiropteres.htm L’office national des forêts www.onf.fr/activites_nature/ www.especes-menacees.fr Eurobats (site en anglais sur les chauves-souris) www.eurobats.org https://nuitdelachouette.lpo.fr/docs/pdf/connaitre-chauves-souris.pdf Un site et des statistiques : http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/indicateurs-indices/f/1964/1115/populations-chauve-souris-france-metropolitaine-1.html Livre et Guide: Arthur L. & Lemaire M. Les chauves-souris de France, Belgique, Luxembourg et Suisse. Collection Parthénope. Biotope éditions. 2009. ISBN-10: 2914817355 Site internet du muséum d’histoire naturel de Bourges qui coordonne le réseau des groupes chiroptères www.museum-bourges.net http://nuit.mnhn.fr/fr/ressources/chauves-souris/ Futura sciences a un dossier très intéressant : www.futura-sciences.com Le muséum de Bourges centralise toutes les données françaises sur les Chauves-souris. www.museum-bourges.net Bretagne Environnement a édité une plaquette sur www.bretagne-environnement.org Groupe chiroptère de la Société Française pour l’Étude et la Protection des Mammifères www.sfepm.org/groupeChiropteres.htm Comité français de l’UICN www.uicn.fr www.poitou-charentes-nature.asso.fr A édité de très jolies plaquettes qui permettent de tout savoir sur les chauves-souris de la région (de France et d’Europe) Plein d’infos sur les chauves-souris http://vigienature.mnhn.fr/page/vigie-chiro En anglais Bat Conservation Trust Importantes et nombreuses publications scientifiques… www.bats.org.uk Ou voir les chauves-souris au royaume Uni www.bigbatmap.org/?action=hotspots Bat Conservation International (BCI) Lance régulièrement des campagnes de protection aux USA mais également à l’étranger (via des souscriptions, financements, etc.). A notamment sauvé les chauves-souris d’Austin, Texas www.batcon.org Saving Bats https://savingbats.wordpress.com/ Site internet de l’année internationale de la chauve-souris www.yearofthebat.org L’ouvrage ‘Illustrated identification key to the bats in Europe’ est téléchargeable en PDF (en anglais) sur : http://fledermaus-bayern.de Fabricant de nichoirs pour chauves-souris : Nichoirs Schwegler / Valliance Z.A Grange la Chapelle, F - 69120 SAVIGNY Tél. : 00 33 (0) 4 74 01 23 10 Idées d’abris pour chauves-souris www.mercilapierre.com/eco-responsabilite/abris-chauves-souris-maizieres/

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