Ces singes que l'on a longtemps assimilés aux chimpanzés ne se trouvent qu'en République Démocratique du Congo, (RDC). Confinés dans le centre du pays, ils vivent dans une portion de forêt équatoriale située au sud d’une immense courbe du grand fleuve africain.
Cette portion de forêt est limitée par les rivières Kasaï, Lomami et Sankura. Alors que les chimpanzés ont un faciès clair, les bonobos ont une face très sombre. Surnommés également chimpanzés nains (pan paniscus), il n'en subsisterait qu'une dizaine de milliers (les plus optimistes tablent sur vingt mille).
Les estimations vont bon train après le véritable « écocide » dont a été, et est encore, victime cette population de primates à l’instar des autres grands singes.
Avec le gorille et le chimpanzé, le bonobo nous est très proche génétiquement. Cet animal vit en société dans des groupes qui peuvent compter plus d'une centaine d'individus.
Le comportement de ces singes a déjà fait couler beaucoup d'encre... Qu'ils soient zoologues, primatologues, éthologues ou psychologues, de nombreux scientifiques se sont penchés sur la vie du bonobo en société. Pourquoi?
A cause de la gestion du stress par la sexualité, la caractéristique la plus originale de cette société animale. Dans un milieu dirigé par les femelles, où la violence et les combats n'existent pas - ou moins que chez les chimpanzés par exemple, plus querelleurs et parfois violents -, toute tension chez les bonobos est gérée par le sexe et la douceur.
Par exemple, dans une situation où deux bonobos - quel que soit leur sexe -, convoitent la même chose comme de la nourriture, ils ne vont pas se battre (contrairement aux chimpanzés) mais bien s'accoupler (ou simuler un accouplement) afin de faire tomber les tensions.
Puis ils vont se partager la nourriture... Ce qui fait que de nombreux accouplements et relations sexuelles - sans but de reproduction et tout au long de l'année -, se déroulent dans la société bonobo.
Et ce, sans hiérarchie de couple ni d'âge, excluant l'inceste mais parfois entre individus du même sexe, sans y voir une quelconque homosexualité, mais comme l'a définie Frans de Waal, grand spécialiste de cette espèce, on parlera d’une « pansexualité », voire de « sexe convivial ».
Bref, un comportement unique pour une société absolument captivante qui ne supporte pas les conflits. Sans parler de l'intelligence supérieure de cet animal, dont des spécimens (comme le célèbre Kanzi) ont été étudiés dans des universités et ont appris des centaines de mots qu'ils pouvaient reconnaître via des logos ou des touches de claviers.
Et les transmettre à des congénères. On pourrait presque parler de naissance d'un langage, ou du moins de ses premiers balbutiements. A l’instar des chimpanzés, les bonobos qui vivent jusqu'à quarante ans environ, ont la capacité de se reproduire dès qu’une femelle est réceptive, soit presque à tout moment quand elle n'a pas (ou plus) de petit à élever.
Du fait du braconnage et de la déforestation ainsi que de l’agriculture sur brûlis, inutile de préciser que l'espèce est en grand danger de disparition. Et que seules des mesures de protection et d'éducation peuvent éradiquer petit à petit le risque de disparition du bonobo.
Comme pour les gorilles, des passionnés et des ONG se sont mobilisés pour sauver ceux qui peuvent l'être, voire les réintroduire dans leur forêt d'origine.
Sans oublier de conscientiser les populations locales du bien-fondé de leur respect et protection.
Où voir les bonobos ?
Schéma de l’aire de distribution du bonobo en RDC avec en
1) Lola Ya Bonobo
2) Mai-Ndombe
3) Ekolo Ya Bonobo
Ainsi que les parcs de :
Yomako Yokokala (A)
Kokolopori Bonobo (B)
Salonga (C)
et la Réserve de Lomami (D)
1) Lola Ya Bonobo, près de Kinshasa
Où : Près de Kinshasa
Quoi : Centre de réhabilitation et zone de protection des bonobos
Quand : toute l’année
Près de Kinshasa, l'orphelinat des bonobos « Lola Ya Bonobo » signifie « paradis des bonobos ». Avec 35 hectares de forêt protégée, c’est là que vivent et sont soignés des dizaines de ces grands singes bien sympathiques.
Grâce au dévouement d'une pionnière en la matière, la Belge Claudine André, ce sanctuaire dédié à la cause de cet animal merveilleux a déjà accueilli depuis 2002 des dizaines de bonobos, sauvés d’un interminable braconnage et d’un inexorable trafic de viande de brousse.
Les plus chanceux des bonobos ont été réintroduits dans leur milieu d'origine, la forêt équatoriale du bassin du Congo. Bref, depuis le coup de foudre pour Mikeno en 1993, le bébé bonobo, sauvé par Claudine, l'aventure se poursuit de plus belle.
Mais n'est jamais terminée, entre les frais d'entretien, les réintroductions en forêt, le travail de conscientisation, les voyages, les soins, les conférences, etc.
Visites (et logement possible)
Lola ya bonobo est ouvert aux groupes du mardi au dimanche, de 10 heures à 16 heures. Le sanctuaire se trouve près des petites chutes de la Lukaya, Kimwenza – Mont Ngafula – Kinshasa.
On peut y voir également la nurserie avec les quatre mamans (humaines) qui s'occupent à temps plein et avec dévouement des orphelins !
Les touristes peuvent demander à pouvoir séjourner (1 nuit) dans la villa située dans le sanctuaire. Le nombre de places disponibles est limité et outre le prix de la nuitée, un don doit être effectué par chaque personne…
Pour plus d’informations ou pour arranger une visite de groupe, contacter
Pierrot Mbonzo +243 818 141 492
Blaise Mbwaki +243 999 981 595
L'équipe de Lola ya Bonobo accueille également les personnes intéressées par un séjour allant de 1 à 3 semaines. Pour connaître les conditions financières et d'hébergement, contacter Isabelle : abc_visiteur@yahoo.fr
Conservation intégrée, formule d’avenir… L'une des formules de réintroduction des bonobos passe par la conservation intégrée. Il s'agit de permettre aux populations locales de s'impliquer dans les projets de conservation.
Comme c'est le cas, à plus de mille kilomètres de Kinshasa, à Ekolo Ya Bonobo, où sont relâchés les bonobos.
La population locale est concernée et motivée au premier chef. Elle est un peu la dernière gardienne des bonobos.
2) Mai-Ndombe, refuge des bonobos
Où : à 300 km de Kinshasa (joignable en petit porteur)
Quoi : Centre de réhabilitation et zone de protection des bonobos
Quand : toute l’année
A environ 300 km au nord de Kinshasa a été découverte la présence de nombreux bonobos près du village de Bolobo sur les bords du fleuve Congo.
Avec l’aide du WWF, l’ONG Mbou-Mon-Tour (MMT) a recensé une population de 7 500 bonobos, laquelle population était encore il y a quelques années, inconnue des scientifiques.
Dans un milieu de forêt-savane, des activités de sensibilisation sont proposées et s’étendent également sur les Territoires de Yumbi, Mushie, Inongo et Kutu.
L’ethnie majoritaire locale est constituée par l’ethnie Batéké. Le bonobo est protégé par un interdit alimentaire du fait que cet animal est considéré par les Batéké comme un être humain qui s’est réfugié dans la forêt.
Des actions de conservation et de sensibilisation ont été organisées par par MMT avec le WWF, de quoi permettre de protéger cet animal .
Petit à petit, les écoles locales ainsi que quelques visiteurs et chercheurs peuvent découvrir ce site unique, le plus proche de Kinshasa où il est possible d’observer pendant plus de 2 heures les bonobos sauvages.
Grâce au dynamisme et à l’implication des populations locales, ce site est un bel exemple de mise en valeur d’un patrimoine sauvage et son apport d’argent sur lequel la population locale peut compter…
Ferme Mbou-Mon-Tour (Village Nkala)
Territoire de Bolobo, District des Plateaux/Bandundu RDC
Téléphone: +243 99 83 37 314
3) Ekolo Ya Bonobo
Où : Au cœur de la RDC
Quoi : quelques sites (difficilement accessibles)
Quand : toute l’année
Des bonobos soignés à LYB sont notamment relâchés à Ekolo Ya Bonobo, en lingala « le terroir des bonobos », près de Basankusu, un territoire de 20.000 hectares de forêt marécageuse dans la province congolaise de l’Equateur, à mille kilomètres au Nord-est de Kinshasa.
Dans le respect de la philosophie de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), un relâché doit garantir aux primates réintroduits de se réadapter à la vie sauvage et de se reproduire de façon viable.
Il est fondamental que ces remises dans la nature se fassent surtout avec l'appui de la population locale. Bonne nouvelle, celle-ci est très enthousiaste à cette idée et en a suivi toutes les étapes…
A tel point que le groupement Ilonga-Pôo, propriétaire traditionnel de la forêt, joue parfaitement son rôle de gardien des bonobos, impliquant les populations riveraines qui refusent toute chasse et limitent l'exploitation de la forêt (les villageois sont surtout des pêcheurs d'anguilles).
En contrepartie, l’ABC a lancé plusieurs micro-projets en faveur de la population de cette zone très pauvre et isolée : dons de livres et fournitures scolaires pour les écoles primaires et secondaires; équipements et matériels pour les maternités et petits stocks de médicaments pour les dispensaires et les pharmacies villageoises ; appuis aux activités économiques des associations d'agriculteurs et de pêcheurs, afin de promouvoir des ressources alternatives à la forêt…
Ekolo Ya Bonobo ne se visite quasiment pas, vues le peu d'infrastructures et les difficultés de s’y rendre et d’y séjourner. Idem pour les parcs de Yomako Yokokala, de Kokolopori Bonobo et de la Salonga ainsi que la réserve de Lomami qui accueillent également les bonobos sauvages.
Vues les difficultés d’accès, seuls les chercheurs, scientifiques et explorateurs les visitent. Ces parcs sont menacés en permanence par la déforestation, l’exploration minière, le braconnage…
Boîte à outils Les associations Les Amis des Bonobos au Congo (ABC) Pasa (pan african sanctuaryalliance) http://pasaprimates.org/ En savoir plus * Claudine André a édité un livre : "Une tendresse sauvage", chez Calmann-Lévy Le film bonobos de Alain Tixier raconte l'aventure de Beni, le petit bonobo