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Valérick

Baleine à bosse, extraordinaire voyageuse

Dernière mise à jour : 24 mars 2021

La baleine à bosse (ou mégaptère, jubarte, rorqual à bosse ; humpback en anglais) laisse un souvenir impérissable à qui a la chance de l’observer de près. Avec son corps massif et sa taille qui avoisine souvent les quinze mètres (la longueur d'un autobus)




Elle est l’une des plus connues et observées des baleines. C'est elle que l'on admire le plus facilement dans le monde entier, même si deux cousines lui volent parfois la vedette selon les océans: la baleine franche australe dans l’Atlantique Sud (Afrique et Amérique) ainsi que la baleine grise de Californie dans le Pacifique, sans oublier le cachalot. Et plus discrets, bien que de taille supérieure : la baleine bleue, le rorqual, etc.


Souvent photographiée et reprise sur les plus beaux posters, elle est la star des magazines nature. Facilement repérée au loin par son souffle, de la taille d’un grand jet de vapeur qui reste en suspension dans l’air, le spectacle s’offre également quand sa grande nageoire caudale se profile au-dessus de l’eau avant qu'elle ne sonde.




Rencontrer de près ce mastodonte pacifique ne laisse personne indifférent, a fortiori quand elle a un baleineau ou quand elle fait des bonds hors de l'eau (breeching), frappe l'écume avec ses grandes nageoires (slapping) ou émerge sa tête à la verticale (spyhopping)...


Comportements de la baleine à bosse (notamment), avec de gauche à droite :

Souffle ;

Profil de la nageoire caudale avant de sonder (fluke);

Battement de la nageoire latérale (flapping) ;

Sortie de la tête de l’eau pour observer (spyhopping)

Bonds hors de l’eau (breeching)



Entendre le chant des mâles grâce à des hydrophones est également un moment extraordinaire (voire parfois en plongée quand l’eau est calme et silencieuse). Car le mâle de la baleine à bosse est un grand « chanteur » et son répertoire peut s’entendre dans l’eau à plusieurs dizaines de kilomètres, voire davantage si les conditions sont bonnes.

Schéma de distribution et de migration des baleines à bosse

dans le monde réparties en 13 populations


Si elle se trouve quasi dans tous les océans et les mers ouvertes du globe, la baleine à bosse s'observe assez facilement lors de ses migrations, la plupart du temps le long des côtes ainsi qu'en certains endroits privilégiés de la planète où elle reste quelques mois à l'abri dans les lagons ou près des hauts fonds. C’est souvent là qu'elle vient mettre bas et passer l'hiver au chaud, fuyant les glaces et le froid.


Les meilleurs sites pour l'observer sont donc ses lieux de reproduction et d'hivernage, ainsi que certains endroits stratégiques sur ses routes migratoires.


La vie de cet animal extraordinaire alterne entre deux contraintes. La première est de se nourrir dans les eaux froides où elle trouve de la nourriture en abondance. La seconde consiste à se rendre dans les eaux chaudes où elle va s’accoupler et surtout mettre bas son baleineau, conçu 11 mois plus tôt.


Mais les eaux chaudes ne contiennent pas, ou peu, de nourriture. Entre les deux contraintes, une des plus grandes migrations animales au monde fait voyager certaines baleines plus de 10.000 km par an, aller et retour. Puisant dans leurs réserves de graisse, elles dépensent le moins d’énergie possible lors de cet incroyable voyage, se déplaçant à une vitesse de quelques kilomètres à l’heure.


On dénombre une douzaine (ou treize) populations de baleines à bosse dans le monde (13), réparties pour moitié dans l’hémisphère nord et dans l'hémisphère sud. Elles ne traversent quasi jamais l’équateur.


Par contre, des échanges entre populations du même hémisphère ne sont pas exclus, comme l’ont indiqué des balises placées sur des animaux. Quant à la population de baleines à bosse située en mer d’Oman (au nord de l’océan Indien), elle semble ne jamais migrer et trouve assez de nourriture dans ces eaux.


La baleine à bosse peut vivre une quarantaine d’années et son petit atteint la majorité sexuelle à 4 ou 5 ans. S’il est risqué de donner un chiffre concernant la population mondiale de baleines à bosse, en augmentation, une estimation qui tourne autour des 35.000 à 40.000 individus semble actuellement plausible.



Le mégaptère vient respirer en surface à un rythme régulier (toutes les trente ou cinquante secondes) et son souffle peut monter à plus de deux à trois mètres de haut. Régulièrement, la baleine plonge plusieurs minutes à des profondeurs qui varient entre 30 et 200 mètres maximum.

C’est au moment où elle sonde (début de la plongée) que l’on voit bien son emblématique nageoire caudale. D’ailleurs, celle-ci est une véritable carte de visite dont les scientifiques et observateurs ont le catalogue et qui permet d’identifier la quasi-totalité des baleines rencontrées et d’en connaître de mieux en mieux les voyages et le comportement…



Nage et plongée de la baleine à bosse…


Savoir: la baleine à bosse n'a pas de bosse… mais avant de sonder et de laisser apparaître sa nageoire caudale, elle laisse voir la courbe de son dos, comme une bosse sur l'eau, ce qui aurait probablement donné son nom en français.


A la recherche des eaux chaudes en hiver et froides en été…


Comprendre à quel endroit et quand se trouvent les baleines (quasi toujours en déplacement) dans les deux hémisphères peut paraître compliqué mais est clairement résumé sur la carte ci-dessus.




Il existe une douzaine de populations de baleines à bosse dans le monde. Leur voyage des zones subtropicales vers les eaux arctiques ou antarctiques compte environ 5000 km en moyenne. Et vice-versa avant l'hiver, pour un total de 10.000 km par an (voire davantage pour certaines routes suivies)...


Sauf exception (Costa Rica), les baleines à bosse ne traversent jamais l'équateur. On les rencontre toujours en hiver dans les eaux les plus chaudes. Mais où elles ont peu de nourriture.


Dans l’hémisphère nord, elles fuient les glaces et les froids de l'Arctique et de l'Atlantique nord pour se rendre dans les baies proches des Caraïbes à l'Ouest et près des îles du Cap Vert à l'Est. Dans ces eaux plus chaudes mais quasi sans nourriture, elles vivent sur leurs réserves et en profitent pour se reposer après la migration.


Elles vont donner naissance à leur petit, parader et s'accoupler (naissance dans 11 mois). Ensuite, dès la fin de l'hiver, nos jubartes affamées après ces mois de jeûne vont regagner (à partir du mois de mars environ pour les mâles, un peu plus tard pour les femelles avec leur petit) leur garde-manger, à savoir les eaux plus septentrionales et froides de l'Arctique en passant le long du Groenland, du Labrador ou de l’Écosse, de la Norvège, de l’Islande, etc. (Elles passaient jadis le long des côtes françaises et et la mer du Nord, ce qu’elles ne font plus sans doute à cause du trafic et de la pollution sonore…) Aujourd'hui, elles contournent le Royaume-Uni par l'Ouest.


Exception à la règle, il existe une population qui ne migre pas. Elle vit en mer d'Oman, au nord de l'océan indien. Les baleines y profitent d'eaux avec suffisamment de nourriture et elles y sont donc observables toute l'année...


Dans l'hémisphère sud, elles se nourrissent notamment de krill (crevettes minuscules qu’elles doivent ingurgiter à raison d’une tonne par jour, voire davantage). Dans le grand nord, les eaux sont moins riches en krill mais voient le plancton abonder ainsi que les petits mollusques et autres poissons qui composent leur menu.


Celles-ci vont s'en gorger tout l'été et prendre des forces pour la migration de retour avant l'hiver. Un voyage durant lequel elles ne se nourrissent pas.


En septembre, nos baleines à bosse qui se trouvent sous de hautes latitudes de l’Atlantique par exemple vont débuter leur migration vers le sud et les eaux tropicales en longeant notamment les côtes du Canada avec pour certaines des incursions dans le Saint-Laurent. Puis elles continuent leur voyage en cabotant le long des USA pour arriver aux Bermudes, aux Bahamas et surtout dans les Caraïbes.


C’est là qu’elles vont passer l'hiver bien au chaud, dans la baie de Samaná en République Dominicaine par exemple. Côté Pacifique nord, le principe est le même : on les voit en hiver près d’Hawaï ou dans les eaux de la Basse Californie. En été, elles remontent vers le détroit de Béring et du côté de l'Alaska.


Dans l'hémisphère sud, le phénomène est le même, mais inversé. Durant l'été de l’hémisphère sud, les mégaptères se trouvent dans les eaux proches de l'Antarctique. Par exemple, celles qui vivent en hiver dans le détroit du Mozambique, entre Afrique et Madagascar, vont migrer vers les eaux riches en krill de l'Antarctique, durant l'été sud. Lors de leur migration, elles longent les côtes de l'Afrique du Sud et sont visibles facilement depuis la côte du côté de Hermanus par exemple. Idem en Amérique du Sud, Nouvelle-Zélande et Australie...


Durant l'été de leur hémisphère, elles se trouvent donc dans les océans Arctique et Antarctique, sur leur terrain de pêche où elles se gavent tranquillement de krill. Le plus souvent seules, on peut les rencontrer également en famille, la mère accompagnée de son petit.


Sites pour observer la baleine à bosse


Comme l’indique la carte et le tableau de présentation, de nombreux sites de la planète mer (une vingtaine) offrent l’observation de ce magnifique animal, depuis l’Islande jusqu’aux îles du Cap Vert ainsi qu’au Québec, en République dominicaine, en Polynésie, en Antarctique, etc. Ces sites sont repris dans le chapitre « les meilleurs sites au monde pour voir les cétacés ».

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